« Bonjour chers voyageurs du Eos, nous sommes aujourd'hui le 1er janvier 2804, il est actuellement 16h36, la température à bord monte progressivement et atteint les 28°. Nous sommes actuellement dans un système spatial inconnu, Eos vous remercie de votre confiance et vous souhaite un agréable voyage. »Le silence retombe dans la pièce pendant au moins une minute et demi quand enfin, quelque chose bouge sous le drap avant de redevenir immobile. Un bras sort de sous la couverture, plus un second. Un fracas mou et sourd retentit ensuite : c’est Alix qui vient de s’extraire du lit et dont les jambes, visiblement, ne semblent plus fonctionner. On pourrait penser en effet qu’un temps de cryogénisation aussi long engourdisse les membres mais pour la mécano, il s’agit d’une façon de sortir de son lit tout à fait habituelle car voyez vous, Alix n’est pas du tout, mais alors pas du tout du matin.
Vaseuse, les yeux mi-clos, la jeune femme grogne un instant et s’étire doucement. Ses articulations craquent et lui provoquent une douleur improbable pour quelqu’un qui aurait seulement dormit dans une mauvaise position. Lorsqu’elle tente de se lever, Alix retombe mollement sur le sol et grogne à nouveau. Finalement, elle traîne son corps à la force de ses bras et se hisse sur un grand fauteuil dans lequel son corps disparaît presque, face à une petite table. A tâtons, les yeux toujours fermés, les mains agiles trouvent ce qu’elles cherchent dans les placards à portée tandis que les jambes trop engourdies s’étirent sous la table. En s’ouvrent la boîte en métal contenant du chocolat laisse éclore un nuage de poussière.
Pause.
Alix ouvre un oeil, puis deux et observe, perplexe, la boîte poussiéreuse entre ses mains une fois que l’information est parvenue à son cerveau embrumé.
“...Hm.”Trois minutes de réflexion. Faudrait qu’elle pense à faire la poussière plus souvent, dans son souvenir, c’était pas aussi sale hier soir. Mécaniquement, Alix se prépare un chocolat viennois chaud selon la tradition et saisit le pain au chocolat qu’elle a stocké dans un coin pour son petit déjeuner. Heureusement pour elle, ses doigts ont remarqués que quelque chose n’allait pas avant de porter le met à la bouche. Une brique. Alix ouvre les yeux plus grand. Elle frappe doucement le pain au chocolat sur le bord de sa table en aluminium et constate le bruit sourd qu’il fait.
… Dingue.
Au moment où elle porte le chocolat chaud à ses lèvres, un soupir de plaisir s’échappe de sa gorge.
“Ahhhh enfin... … … Janvier 2804 ?!!! “Alix bondit de son fauteuil et se repasse l’information qui est - enfin - parvenue à son cerveau. Puis vient ensuite le souvenir du dernier message d’alerte d’Eos avant son sommeil, l’annonce d’un danger immédiat et de sa décision de tous les plonger en semi-cryogénisation. Prestement, la mécano enfile l’une de ses tenues, ramène ses cheveux en chignon et pose son casque sur ses oreilles - non sans l’avoir dépoussiéré au préalable - pour se retrouver connectée avec Eos.
“Mécanicien Pernath en ligne, je répète, Mécanicien Pernath en ligne. Confirmation de réveil et de mise en service. Eos, avons nous subis des dommages ?!”Oui parce que danger = attaque et attaque= dégâts. Il est hors de question, vous l’entendez, hors de question qu’elle laisse quelqu’un se défouler sur le vaisseau sans qu’elle n’agisse. Si elle était restée éveillée, elle aurait mené l’attaque elle même contre le danger et aurait tout réparé au fur et à mesure. La voix d’Eos qui résonne dans son casque la tire de sa pensée.
“Daignostic de vaisseau en cours ... Eos à remarqué une panne mécanique des propulseurs interstellaires, les propulseurs fonctionnent à 65% et le niveau est en chute libre, nous rappelons que ces propulseurs ne doivent en aucun cas être en dessous de 45%. Eos demande une réparation d'urgence aux agents de maintenance système mécanique.”Alix bondit hors de sa cabine sans plus de ménagement et fini de s’habiller dans le couloir tandis qu’elle détale comme un lapin en direction de la salle des machines.
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Voilà près de … plusieurs heures qu’Alix s’affère dans la salle des machines. Maîtriser la chute libre des propulseurs fut délicat mais quasiment un jeu d’enfant pour elle. Son ego se pâme d’avoir su assurer même après 300 ans de sommeil. Toujours aussi performant (sauf au réveil). Mais Alix est perfectionniste et Alix fait le tour de toutes, je dis bien TOUTES les machines. Alors qu’elle se trouve dans un conduit d’aération pour fixer un ventilateur quelque part dans le vaisseau, un bruit de taule se fait entendre. Tiens ? Qu’est ce que... le temps qu’elle se pose la question, le conduit sous elle cède et l’entraîne dans sa chute.
C’est dans un grand fracas qu’Alix se retrouve quelques mètres plus bas. Dans sa chute, son corps se heurte sur une surface à mi chemin entre le dur et le moelleux mais qui ne ressemble absolument pas au sol. La mécano a juste eu le temps de couvrir sa tête de ses bras avant de se prendre les derniers débris du conduit. Elle attends quelques secondes avant de se redresser et sent une vive douleur sur son épaule et son flanc gauche.
“Ooow ! Mince. J’aurai dû m’en douter, trois cent ans, ça rouille.”Lorsqu’elle relève la tête, Alix se retrouve face à une jeune femme en blouse qui la dévisage de ses grands yeux marrons. La mécano tente un petit sourire et un signe de main gêné.
“... Heu, désolée pour cette intrusion hein. Je vais réparer ça tout de suite ne vous en faites pas.” Ben ça alors, ça lui est jamais, vous l'entendez, jamais arrivé auparavant !